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Entretien avec Yannick Fournier

(Yazorius)

le 6 avril 2006


Myriad : Bonjour, M Fournier, merci d'accepter de répondre à ces quelques questions. Vous avez remporté le Prix du 15ème Concours Amical, dont le sujet était d'illustrer le Sonnet 73 de Shakespeare, avec votre oeuvre Alone et nous voudrions d'abord savoir qui vous êtes.
 
YF: Du haut de mes 30 ans (très bientôt 31, d’ailleurs : c’est fou ce que le temps passe), et résidant en région parisienne (pour peu de temps, car je déteste ce coin. Je prévois d’ailleurs un très prochain retour pour la ville de Bordeaux où il fera bien meilleur vivre qu’ici), je suis arrangeur/parolier et assistant de Mme Valérie UZAN dans la francisation des génériques des dessins animés japonais (dans l’entreprise Déclic-Images <-- PUB ! ^^). Ce travail représente d’ailleurs assez bien ce que j’aime dans la vie : la musique et la culture asiatique. Je suis aussi un fervent amateur de ce qui découle de ces deux domaines : jeux vidéo, manga, musique ethnique asiatique, piano, …
 
Myriad : Sur quel matériel travaillez vous ?
 
YF: Un petit PC, sans grandes ressources, ni rajout ou traficotage d’aucune sorte. Je me contente de mon Pentium 4 (2.5 GHz), et de ses 256 mo de RAM. Je ne suis, je l’avoue, aucunement porté sur la technicité de la musique informatique, car le plus important à mes yeux dans une musique est la pensée structurée derrière la partition et non l’excellent rendu sonore qui camouffle tant bien que mal les lacunes « impardonnables » d’écriture.
 
Je sais que je possède une carte son 5.1, quelque part dans un carton, pas loin mais je ne sais pas vraiment où, et je n’ai même pas envie de la chercher et de démonter mon PC pour l’installer. En fait, pour résumer, le meilleur matériel que je possède, toujours fiable et très peu coûteux, c’est la feuille vierge, le crayon à papier et une excellente gomme. Lorsque c’est réussi sur la feuille, quelle que soit la façon de procéder après, ça « sonnera » toujours bien.
 
Myriad : Quel est votre cursus musical ?
 
YF: J’ai découvert les études musicales, comme bien du monde, dès la 6ème à l’école. Rien de bien sorcier, mais cela me plut assez pour que je m’y penche de moi-même en dehors des cours. Après quelques années de cours particulier d’orgue électronique (je ne saurais dire exactement combien de temps), je me suis lancé à cœur perdu dans des études musicales à Bordeaux, en tentant l’entrée à la faculté de Musicologie. J’admets ne rien  y avoir appris d’incroyable, si ce n’est l’existence d’une matière enseignée qui me passionnait : l’Harmonie.
 
Sitôt le programme de licence entamé (uniquement sur la musique du XXe siècle : de quoi dégoûter tout passionné, surtout vu la façon dont c’était enseigné), j’ai décroché complètement du rébarbatif inutile de ces études « pseudo littéraires » pour me confronter aux VRAIES études musicales : le conservatoire. Malgré de nombreuses désillusions quant à certaines matières au nom plus accrocheur que leur contenu, j’ai poursuivi ces études, sélectionnant, à chaque nouvelle année scolaire, les matières que je conservais et délaissant celles qui ne m’apportaient finalement rien du tout. J’ai pu, après de nombreuses années d’errance estudiantine, apporter tout ce qui me manquait à ma culture pour finalement pouvoir être capable de composer des musiques tout seul comme un grand.
 
Je suis donc détenteur d’un DEUG de musicologie, mais aussi d’un « Fin d’études » en solfège, en harmonie, en contrepoint, et je possède (après avoir souffert comme un âne afin d’adapter mon style compositionnel à celui « imposé » par la classe) un premier prix (médaille d’or) de composition. J’ai aussi touché à l’électroacoustique et la MAO (Musique Assistée par Ordinateur) au sein du conservatoire, matières intéressantes mais incitant bien trop souvent à la fainéantise du « son » plus que du travail élaboré de la partition musicale (ce qui m’intéresse beaucoup plus).
 
Myriad : Jouez-vous d'un instrument de musique (ou de plusieurs) ?
 
YF: Je pianote assez bien, il paraît (j’aime par exemple jouer du Liszt, du Rachmaninov, du Scriabine, et du Ravel). Mais j’ai toujours été trop âgé pour tenter de m’inscrire en piano au conservatoire (les limites d’âges sont vite agaçantes ! ^^). Pour pallier à ce cruel manque instrumental (j’ai l’intime conviction qu’un compositeur doit savoir jouer d’un instrument au minimum, pour connaître les limites humaines à ne pas dépasser lorsqu’il écrit des partitions compliquées), j’ai étudié l’orgue liturgique (d’où mon intérêt pour les chorals), mais je conserve ma préférence pour le piano, instrument que j’adore tant pour ses sonorités riches que pour son répertoire musical vaste et passionnant.
 
Myriad : Quels sont vos goûts musicaux ? Vous pouvez citer des artistes ou des genres musicaux si vous le désirez.
 
YF: Je suis à la fois très ouvert et très sélectif : j’écoute beaucoup de choses (parfois sans vraiment avoir la possibilité de faire autrement), mais je n’aime pas grand-chose malgré tout ^^ Ainsi, en passant de la musique grégorienne en allant au "cyber-rap" (ou je ne sais quelle autre ânerie du genre), j’écoute tout ce qui peut élargir ma palette sonore, me faire découvrir de nouveaux horizons musicaux. Quant à stipuler ce que je préfère … plus c’est étrange, sombre, riche, émotionnellement fort, et plus j’adore.
 
Parmi mes auteurs/compositeurs/interprètes préférés, je n’hésiterai pas à citer : Björk, Bowie, Harry Connick Jr., The Andrews Sisters, Lisa Minnelli, Tricky, Kate Bush, Eliott Goldenthal, Danny Elfman, Arvo Pärt, Ralf Vaughan Williams, Maurice Ravel (<-- mon compositeur préféré), Sergei Rachmaninov, Franz Liszt, Sergei Prokofiev, Hajime Mizogushi… bref, une multitude de personnes hautement talentueuses que j’admire pour les œuvres qu’ils lèguent ou ont légué à l’humanité.
 
Myriad : Plus précisément, en ce moment, quelle musique écoutez-vous ?
 
YF: Actuellement, je n’ai pas de musique de fond (j’aime aussi beaucoup le silence : c’est naturel, et il faut savoir en profiter le temps qu’on peut, car le vacarme est vite arrivé … surtout si les voisins sont naturellement bruyants ^^). Sinon, les dernières musiques que j’ai écoutées sont celles du nouveau concours de Myriad. Je suis de nature très curieux, et je me fais toujours un plaisir d’entendre les dernières œuvres écrites.
 
Myriad : Quelles musiques n'écoutez-vous plus du tout ?
 
YF: Il y a bien longtemps, je ne jurais que par Frédéric Chopin. Mais ma confrontation avec les œuvres de Franz Liszt m’a fait tourner la « page Chopin ». Malgré tout, je continue d’admirer ses 4 ballades qui possèdent une réelle force émotionnelle (en plus de leur haut niveau pianistique). Les œuvres de Chopin sont donc la seule musique que j’ai aimée mais que je n’écoute plus, car en règle générale ce que j’aime ne souffre pas du temps qui passe.
 
En revanche, s’il y a bien une chose que je déteste, c’est bien les courants artistiques tels que le rap, le RnB, et autres mouvances électro (techno, jungle, …). J’ai aussi une totale antipathie à l’égard du free jazz et de la musique contemporaine (qui n’est plu contemporaine depuis au moins 50 ans, soit dit en passant). Quelques grands nom de la musique du XXe tels que Ligeti ou Penderecki sont les rares exceptions qui confirment la règle quant à l’exécrable résultat sonore de la musique contemporaine : on ne peut pas renier tout un courant artistique, mais je pense personnellement que la musique dite « sérieuse » de la seconde moitié du XXe siècle, mis à part quelques rares exceptions, est une belle horreur dont l’Humanité aurait largement pu se passer.
 
Myriad : Si l'on vous demandait de choisir une musique qui serait placée dans une capsule à destination des habitants d'Alpha du Centaure, quel serait votre choix  ?
 
YF: « Mars » de Holst. Redoutable œuvre d’une puissance dramatique incomparable, cette merveille sombre à souhait représente parfaitement l’humanité, forte, capable de bien des merveilles, mais accablée d’un côté obscur indomptable qui l’oppresse et la fait écraser tous les obstacles qu’elle a face à elle. Cela sonnerait comme une mise en garde : « Attention habitants d’Alpha du Centaure, vous êtes prévenus, on a très mauvais caractère ».
 
Myriad : Si vous deviez être coupé du monde pendant un an, quels sont les deux albums que vous emporteriez avec vous ?
 
YF: Un an ? On a vite fait d’être dégoûté de deux pauvres CDs qui tournent en boucle ! … Mais bon, si tel était le cas, je dirais du Schubert (au pif parmi ses compositions) et … du Boulez (un machin au pif, bien nul parmi ses nombreux gaspillages de papier et de temps). Si le premier, on ne sait jamais, je finirais peut-être par l’apprécier (à la longue, surtout en comparaison avec l’autre CD …), je sais que le second aura le mérite de me faire moins me sentir seul (quelques bruitages chaotiques et cahoteux par-ci par là, comme si quelqu’un d’autre était à côté de moi, faisant par exemple tomber les casseroles dans les marches, ou autres bruits du genre) et de me faire encore plus apprécier mon retour à la vie civilisée.
 
Myriad : En ce qui concerne l'oeuvre qui a remporté le concours, quelle a été votre source d'inspiration ?
 
YF: Le sonnet, évidemment. Point de départ de ma réflexion, j’ai lu les traductions proposées, et je me suis répété le texte jusqu’à sa parfaite assimilation. J’ai donc tout misé sur les sonorités de ce sonnet, sur son sens triste, nostalgique, et sur l’ambiance désespérée d’impuissance qu’il dégage. Mettre un texte en musique, c’est lui rendre hommage en se mettant à son service, dans le but de transcender son sens, sa nature, et ne surtout pas en altérer la signification ou la volonté artistique de son auteur.
 
Ainsi, la musique étant au service du texte, c’est dans ce dernier que j’ai puisé mes éléments musicaux principaux : la rythmique lente, l’accentuation de certaines voyelles (il suffit de lire le texte pour voir que naturellement on appuie certaines parties de mots plus que d’autres), … Le reste a été élaboré sur le sens même du texte. En effet, la mort doit planer, la vieillesse aussi, le regret de partir et d’abandonner les êtres que l’on aime …
 
J’ai ressenti que la tragédie de la situation n’était pas particulièrement celle de mourir, et donc de ne plus exister, mais bel et bien le malheur d’infliger à son entourage le chagrin de sa disparition. Il y a une notion de culpabilité, celle de ne pas pouvoir rester plus longtemps en vie, et de donc semer le chagrin dans le cœur de son entourage proche. Un grand tourment que celui de savoir que l’on va devoir partir avant les autres, et les abandonner dans leur solitude (<-- d’où le titre de ma musique). Comment rester de marbre face à la peine déjà visible sur le visage de la personne que l’on aime et qui nous voit mourir ? Un sujet très douloureux qui m’a donc inspiré cette mélodie, en « chant du cygne », tragédie de deux cœurs qui vont être séparés sur un lit de mort, chacun impuissant face à cette inéluctable situation.
 
Myriad : Quel a été votre cheminement de composition ? (les détails techniques intéresseront les lecteurs)
 
YF: La tonalité s’est décidée toute seule : hors de question pour moi de partir en Majeur, hors de question de truffer l’armure de dièses (montée d’un demi-ton : notion graphique trop « positive » pour l’ambiance psychologique lors de la lecture de la partition), … au final, j’ai opté pour quelque chose qui semble avoir soulevé bien des polémiques et que je vais donc expliquer ici. Le mode est évidemment « do mineur », mais je voulais que l’on ressente chaque altération (bémol) comme un fardeau pesant sur la note, rendant alors les envolées lyriques plus rares mais plus merveilleuses encore, … Ainsi, malgré la tonalité de do mineur, je n’ai absolument rien mis à la clef (et oui, c’est volontaire !) : toutes les altérations sont donc présentes, visibles sur chaque note altérée. On évite ainsi « de ne plus prêter attention » à l’armure à la clef (ce qui aurait pu laisser visuellement penser qu’on pouvait tout aussi bien être en Do Majeur). Je me doutais bien que ce serait remarqué, et pas forcément compris comme je le désirais. Cependant, du point de vue psychologique, je suis certain que cet aspect graphique aura joué un minimum de rôle dans l’écoute et la lecture de la partition.
 
J’ai décidé aussi que le cœur souffrant de maux et de vieillesse serait illustré par une percussion «longue-brève» (rythme cardiaque) qui rencontrerait à certains moments des modifications syncopées. Ainsi, le fondement rythmique général était posé.
 
Dans un souci de clarté, de pureté et de lisibilité, j’ai cherché comme à mon habitude à minimiser le plus possible l’écriture, cherchant alors la plus grande simplicité. J’ai, par exemple, au lieu de remplir toutes les mesures de la harpe par trois croches successives et régulières d’accords, choisi un rythme qui combine l’attaque sur le temps fort (il ne faut pas non plus que ce soit creux ^^) avec un vide sur la dernière croche de la mesure. La harpe bénéficie alors de la croche de percussion à cet endroit qui remplit le vide créé, donnant l’illusion de trois croches à la harpe, mais évitant pourtant l’effet de lassitude qu’un tel rythme réellement écrit créerait.
 
La façon de remplir l’espace sonore est aussi symptomatique de mon style «minimaliste» : mettre en relief les temps forts des mesures par des arpèges d’accords en croches à la clarinette, comme une petite touche de pinceau qui définit mieux un contour important sans pour autant trop se faire remarquer. J’ai aussi créé une «fausse» thématique à la harpe, broderie de la tonique qui reviendra régulièrement, comme si Atropos (la troisième des Moires) hésitait à couper le fil de la vie représenté par la ligne «do», en tournant sans cesse autour avec ses ciseaux. Quant aux éléments thématiques des flûtes japonaises, ils donnent très succinctement un aperçu du thème principal du ténor, ainsi que de la montée expressive qu’il y aura mesure 95-96.
 
La longue pédale de tonique est aussi un élément dramatique fort qui permet en peu de temps de partir sur des tonalités très éloignées sans que cela ne gène à l’audition. J’ai cherché aussi tout particulièrement à représenter une partie de mes préférences musicales personnelles dans cette œuvre, que ce soit au travers du choix des instruments (notamment la flûte japonaise en bambou autrement nommée Shakuhachi), ou des bribes de contrepoint (domaine d’écriture musicale qui m’a toujours passionné) notamment dans les mesures 30 à 37.
 
Pour rompre avec l’ambiance créée par le thème chanté, une partie vocale composée de 3 voix distinctes accompagnera toute l’œuvre. Elles permettront d’ailleurs de mettre en relief la notion de  « chants d’oiseaux » (l’ambiance se réchauffe alors en douceur sur un accord de septième majeure). Elles accentueront aussi le côté « tribal » de la percussion, en reprenant en un trio contrapunctique la mélodie principale (mesures 40 à 50).
 
Le retour du thème au ténor se fait à la suite d’une marche harmonique où se entrecroisent sans arrêt les voix qui se frottent constamment sur intervalle de secondes mineures (issues de retards et de croisements). Le but étant de ponctuer cette première partie de l’œuvre par un retour du ténor qui s’était tu quelques mesures auparavant. Je précise que le bémol du « si » est volontaire dans la mesure 55, car je veux éviter une sensation cadentielle à ce moment de l’œuvre (c’est trop tôt : il sera en revanche présent lors du retour de cette marche harmonique, à la fin de l’oeuvre). Cette marche harmonique a d’ailleurs été conçue comme une pensée perdue, un souvenir qui refait surface et qui stoppe le cours du temps un bref instant. C’est pourquoi j’ai peu à peu fait taire les éléments rythmiques : le soupir mélodique qu’est ce passage prend encore plus de force lorsqu’il s’achève et que la rythmique reprend son cours (mesures 62 et 130). La tension est telle à cet endroit que j’avais initialement prévu d’intégrer un léger roulement de tambour (fin de mesures 61 et 129) afin de revenir aux rythmiques du départ des mesures suivantes. Mais, vu la force de la cadence parfaite de la mesure 61 et 129, j’ai décidé de ne pas l’y mettre. J’ai estimé que l’effet voulu y était sans que je ne l’écrive, ce qui me permet encore une fois d’éviter de surcharger cette musique tout en ayant malgré tout l’effet désiré (à l’instar des croches "suggérées" de la harpe). D’ailleurs, à s’y pencher de plus prêt, on pourrait presque l’entendre, ce roulement de tambour fin de mesures 61 et 129, comme le fantôme d’un temps qui n’a jamais existé ailleurs que dans mon imagination.
 
La structure générale d’un morceau joue beaucoup lors de l’audition. Pour une meilleure reconnaissance des thèmes et une meilleure écoute (il est aisé de se repérer, de savoir d’où l’on vient, où on est et où l’on va), c’est donc sur une structure générale de forme « A-B-A-B’-A » que le thème du ténor peut naturellement reprendre son chant (partie « B’ »), avec des paroles nouvelles (qui influenceront d’ailleurs la fin de la mélodie).
 
Mesure 92 : un grand changement de la mélodie. Au lieu de s’affaisser comme auparavant, le thème monte, gonfle, et prend assez de force pour s’élancer vers la note la plus haute déjà atteinte de cette mélodie. La suite du thème subira aussi quelques modifications mineures, mais j’ai voulu tout particulièrement mettre en relief le centre de l’œuvre qui est aussi le seul moment où la notion de mort est clairement évoquée. Il y a alors une réelle lutte pour contrer le sort, comme un soubresaut de vie, une dernière étincelle qui cherche à briller de mille feux avant de s’éteindre.
 
La fin de l’œuvre est d’ailleurs la reprise de l’introduction de départ, et se meurt peu à peu, par une descente progressive sur la quinte de la tonique, illustrant la force qui fuit peu à peu fuit, et l’abandon face à la grande fatigue et la mort prochaine.
 
 
Myriad : Avez-vous une anecdote à narrer ? Pas nécessairement reliée à
votre oeuvre mais en rapport avec la musique.
 
YF: Penché un jour sur une œuvre vocale assez bizarre (concours de composition pour le conservatoire … évidemment, je n’ai rien gagné à l’époque, mais c’était devenu une tradition ^^), j’écrivais, comme à mon habitude directement sur feuille, une partie incantatoire qui montait progressivement du chuchotement au cri, que ce soit en « parlé » ou « chanté », sur 5 voix différentes avec texte en latin (un poème de Baudelaire, d’ailleurs). Me concentrant un maximum pour écrire la partition (toutes les voix simultanément, pour gagner du temps, ainsi que de la cohérence polyphonique et générale), et écrivant des parties de plus en plus « bruyantes », criantes et hurlantes (l’effet était saisissant lors de la représentation : ça a gelé l’ambiance lors du concours ou des répétitions ^^), je me suis vu me lever pour baisser le son de ma chaîne stéréo, alors qu’au final tout ce "vacarme tonitruant" était uniquement dans mon imagination et retranscrit sur ma partition. Comme quoi, avec de l’exercice et de la concentration, il est très possible (voire bluffant) « d’entendre » avec grande précision les partitions que l’on a écrites, sans avoir malgré tout recours à un instrument de musique pour bénéficier d’un aperçu.
 

Myriad : Quelles sont vos objectifs ou vos projets dans le domaine de la
musique ?
 
YF: Objectifs ? Je ne désire nullement marquer l’Histoire, ou changer quoi que ce soit avec ma musique. Le seul « objectif » que j’ai pour l’heure, c’est de continuer à composer ma musique, libre des contraintes du conservatoire, et peut-être de réussir l’exploit de trouver des mécènes désireux de me voir écrire quelques pages musicales pour eux (mais là, je suis littéralement en plein rêve ^^).
 
Sinon, question projets, j’ai souvent un concert en vue. Le prochain (une commande pour laquelle je dois écrire une musique que je n’ai toujours pas commencé d’écrire ^^) aura lieu en octobre 2006, et sera pour violon et orgue. La musique est un domaine où le flou règne en maître : prévoir quelques évènements ponctuels futurs (concerts, concours, …) est une bonne chose, mais cela ne rythme pas principalement ma vie. Je laisse énormément place à l’imprévu du moment que je savoure d’autant plus, conservant un métier plus stable pour combler les vides ^^
 

Myriad : Avez-vous un site Web personnel ?
 
YF: Non. J’ai essayé de m’en faire un, mais je suis parti en tout sens, ne sachant pas vraiment comment m’y prendre, et j’ai fini par me décourager. Maintenant, je me suis mieux renseigné (tant du point de vue graphique et de la programmation que de l’aspect technique de mise en ligne), et c’est là que j’ai perdu ma motivation première. Peu importe, si l’envie me reprenait, je saurais maintenant comment faire. Le seul site qui soit le plus proche de moi et de mes passions, c’est le site de l’entreprise où je travaille (PUB --> www.declic-images.com <-- PUB). A ce propos, on peut facilement me retrouver sur le forum officiel de « DI » (et tous les fora que je fréquente), toujours sous mon pseudonyme YAZ (ou YAZORIUS).
 
Myriad : Avez-vous un message ou conseil à transmettre aux lecteurs de
cette rubrique ?
 
YF: Comme je l’ai à peu près expliqué ainsi à un membre très sympathique du forum Myriad :
 
« Le conservatoire n'est pas ce qu'il y a de mieux pour faire naître ou développer son envie créative : les études dans ces lieux sont austères, désagréables, et ont tendance à uniformiser la façon de penser, comme une usine transformant l'originalité en clichés contemporains ou en harmonie basique, dénaturant alors la personnalité propre du compositeur. En revanche, travailler les bases (harmonie et contrepoint) est IN-DIS-PEN-SABLE pour faire évoluer son style, et éviter les lacunes d'écriture (lacunes bien difficile à perdre, après). »
 
Je conseille donc de focaliser surtout sur les études d’harmonie/contrepoint, du moins, pour ce qui est des 2 premières années. Le style compositionnel n’en sera que plus enrichi, sans pour autant vous faire perdre la personnalité artistique. Quant à l’inscription dans une classe de composition, c’est du quitte ou double : essayez de vous renseigner avant, quant à savoir ce qui est enseigné, comment se déroulent les cours, et ce qu’en pensent la plupart des élèves. Il est aussi très révélateur d’assister aux examens de fin d’année de la classe de composition : si vous ne voyez aucune différence de style entre toutes les musiques dissonantes des élèves … fuyez !!!!   =_=’’
 
« Parfois, le professeur de la classe de composition (s’il existe une telle classe dans votre conservatoire, ce qui n’est pas certain non plus) est assez ouvert d'esprit pour accepter tout style de musique, ce qui ne fut hélas pas le cas à Bordeaux, où j'ai dû alors me plier aux exigences contemporaines de laideur, de dissonances et d'explications « scientifico-mystiques » de mes oeuvre ^^" Au final, à part l'obtention de mon premier prix de composition, cette classe du conservatoire ne m'a rien apporté, ayant absolument tout découvert de l'Art de la Composition uniquement grâce à un seul professeur, celui d'Harmonie/Contrepoint (M. Claude BASS). »
 
Quoiqu’il en soit, le plus important est, comme tous ceux qui ont répondu à ce questionnaire l’ont déjà précisé, de composer sans cesse, de travailler, de s’attacher à écrire encore et toujours : les idées évoluent, le style change peu à peu en fonction des rencontres musicales que l’on fait, et l’on trouve rapidement son propre style en écrivant régulièrement. Il est aussi recommandé de retoucher régulièrement certaines œuvres, afin de marquer sur papier l’évolution de son langage musical, et de faire bénéficier certaines ébauches (souvent délaissées) de son style de plus en plus affirmé.
 
Myriad : Quelles autres questions auriez-vous aimé que l'on vous pose ?
Quelles auraient alors été vos réponses ?
 
 YF qui questionne : Comment avez-vous découvert la société Myriad, ainsi que ses logiciels et ses si merveilleux concours de composition ?
 
 YF qui répond : Excellente question (je n’aurais pas mieux fait moi-même) ! ^__^ Si j’ai un jour découvert vos produits (les logiciels, le site ainsi que les concours affiliés), c’est par pur hasard, il y a un joli moment, grâce à mon magasine informatique préféré « PC TEAM » (<-- PUB ! Mais c’est un juste retour des choses). Ils parlaient sans tarir d’éloges de vos logiciels puissants, simples, et pourtant à très faible prix. Ne roulant pas sur l’or, mais désireux de posséder un de vos si magnifiques logiciels (surtout celui qui imitait la voix : « Virtual Singer »), je suis parti faire un tour sur votre site. J’y ai alors retrouvé les logiciels (que j’ai achetés le soir même : Melody Assistant + Virtual Singer), mais j’y ai vu aussi un forum où je me suis rapidement inscrit. Je n’ai en revanche rédigé ma première réponse que très récemment, un questionnement sur la conservation des droits d’auteur pour le concours Myriad si je me souviens bien (j’ai eu largement le temps de me familiariser avec les logiciels Myriad que j’avais achetés, ce qui m’a permis de participer au forum sans lacune technique d’utilisation). Pour ce qui est des concours, c’est un « clic » maladroit de ma part qui m’a fait atterrir sur la page dédiée (j’avais voulu faire un nouveau tour sur le forum, mais j’avais cliqué pile en-dessous) : j’y ai alors écouté les œuvres soumises pour la plupart des concours, et joué aux « pronostics » pour comparer mon avis avec ceux des jurys. J’ai décidé, un jour, que je pourrais pourquoi pas apporter ma contribution, en composant une pièce pour un de vos concours, ce qui fut le cas pour ce 15ème Concours Amical pour lequel j’ai écrit la musique que vous connaissez.
 

Myriad : Merci d'avoir répondu à ces quelques questions.
 
YF: Ce fut un plaisir que de répondre à toutes ces questions (j'espère en revanche que mes réponses n'étaient pas trop longues ^^"), en espérant que mes explications apporteront un éclairage nouveau ou complémentaire à l’écoute de ma pièce, et motiveront certains compositeurs « timides » à faire découvrir leurs œuvres et/ou participer aux prochains concours de Myriad.


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